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J'ai découvert la sculpture après avoir exercé en tant que peintre en publicité, et naturellement je me suis dirigée vers ce qui m'inspirait le plus, le corps humain.  Les courbes du corps offrent un terrain d'expérimentation fascinant. Je n'ai cessé de chercher à épurer les lignes en apposant mon empreinte dans cette matière envoûtante qu'est l'argile.

J'ai eu la chance de croiser très tôt Consuelo De Mont Marin et de profiter de son atelier et de ses conseils pour appréhender cette nouvelle matière qui s'offrait à moi. Maîtriser la matière et mieux la comprendre afin de la dompter.(1990/1995)

La rencontre avec Jean Yves Gosti en 1996 lors d'une expo commune (''Cherchez l'impasse''à Pantin) a provoqué quant à elle une sorte de séisme. J'ai été totalement fascinée tant par ses œuvres en pierre que par celles en métal. J'ai donc continué à épurer les lignes, à chercher les courbes, mais  il me fallait associer différents matériaux pour donner vie à d’autres formes, d’autres mouvements. Si l’association terre-pierre fut abordée bien trop modestement avec les femmes galet, en rapport à la difficile place de la féminité dans la société (exposition ''art au féminin''' Malakok 2000/2005), c'est avec mes songes de penseurs (2005/2010) que ce travail a pris toute sa maturité. (Diverses expositions Pantin, Malakof, Paris, Sevran, Aulnay, Dourdan, Romainville)

Graver trois lignes dans la pierre, pour en faire émerger des visages suggérant une introspection méditative, juste posés sur un corps figé, dans un simple morceau de bois érodé par les marées. La matière brute suffisait à mon expression plastique.

Union de la terre, de la pierre, du métal et du bois.

Assemblages de formes qui donnent naissance à mes êtres.

Penseurs errants érodés par les marées

Marcheurs rêvant par tous les vents

C'est la découverte du raku en 2008 avec Corinne Guého, (cuisson coréenne où la provocation d'un choc thermique crée de multiples fissures dans l'émail, suivie d'un enfumage qui permet au carbone de s'infiltrer dans ses interstices) qui m'amènera vers d'autres pistes de création. Toujours fascinée par la matière brute, il s’agissait là de maîtriser le feu. L'argile était jusque là le moyen de mise en l'espace de ma pensée, elle deviendra peu à peu une finalité

J’ai expérimenté cuissons après cuissons toute la difficulté et la complexité chimique de l’art de la céramique.

En 2009 je rencontre le soixante AdaDa , un laboratoire d’expérimentations artistiques à Saint Denis, et je travaille alors sur une représentation de la maternité dans un monde où la place de l'humain est en question.

12 boucliers représentant la fertilité,  la maternité et l'unicité de l'être (création) font face à 12 cranes bien lisses représentant la pensée unique (destruction).

"Ma terre est à ventre" en 2011 réunira trois artistes autour de cette interrogation.

(diverses expos Paris, Aubervilliers, Saint Nazaire, Saint Denis)

Exposition galerie du soixante AdaDa, 2011
Saint Denis 93

La rencontre avec Brigitte Marionneau en 2012 déclenchera quant à elle un impératif besoin de maîtriser encore mieux les subtilités de la céramique à travers les paysages oniriques de ses enfumages. Je laisse alors les flammes graver leur message à travers un voyage dans des brumes qui rappellent les estampes japonaises. S'en suivront quelques années d'expérimentation avec un impératif besoin de ressourcement.

Installée depuis 2015 à la Réunion, je me laisse porter par la découverte d’un environnement d’une richesse extrême qui m’a déjà amenée vers d’autres horizons, galaxies, planisphères, avec des enfumages très proches du minéral. La sphère nous ramène à l’origine de la vie, forme résistante, épurée à l’extrême.

Je retrouve mes aspirations premières, des corps reprennent vie,  avec comme thème une interrogation sur la migration, le déracinement et le vivre ensemble.

L'arbre dans ''Voyage au bout de la vie ''par essence porteur de racines est synonyme de force mais aussi  paradoxalement de vulnérabilité en tant que bouée de sauvetage (embarcation précaire, échouage). L’espérance d’un monde meilleur impose le déracinement. Ces mondes représentés par des sphères s’assombrissent au fil du voyage. La détresse annonce quant à elle la fin du voyage.

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Mer de tyrannie, voyage au bout de la vie 1 et 2 et poète... vos papiers! renvoient à cette migration mortelle. Ce triptyque rend hommage aux milliers d'âmes englouties qui ont fui guerre et misère, espoirs anéantis. Les savates deux doigts de ''Mer de tyrannie'' symbolisent la pauvreté, alors que les corps s'enfoncent dans les abysses, les derniers  souvenirs de l'exode flottent encore en surface, mêlés aux détritus que la mer rejette La sphère est une bouée de sauvetage, reliée à l'embarcation par le fil de la vie (racines) et arrimée par un cordon en spirale, (symbole de vie).

Poètes ....vos papiers !, nous interpelle en tant que voyageurs, déferlant par flots successifs aux quatre coins du monde et brandissent nos passeports qui regorgent de visas pour nous assurer toute liberté de circulation. Nous sommes ‘’aventuriers’’ quand eux, ‘’migrants’’ ne sont que vagabonds errants.

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